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Adieu Ubuntu, bonjour Debian

Depuis le temps que j'y songeais, j'ai enfin laissé tomber Ubuntu sur toutes mes machines. Afin que vous puissiez vous faire une idée si vous hésitez à changer de distribution, je vais vous exposer mes raisons.

Ma première raison est l'arrivée, dans Ubuntu 11.04 (Natty) de Unity, la nouvelle interface graphique couplée à GNOME. D'un point de vue pratique, je ne sais pas si je suis un abruti fini mais je ne trouve pas cette interface ergonomique, loin de là. J'avoue même que j'étais perdu et la phase d'obtention des premiers réflexes est plus longue, signalant un fait : soit cette interface n'est pas ergonomique, soit elle n'est pas faite pour moi. Et, si on cherche sur internet, on se rend compte que je ne suis pas le seul. D'un point de vue moral, j'ai l'impression que Canonical tente de réinventer la roue et d'imposer des choix sur des éléments qui n'ont pas à l'être car fortement subjectifs. L'universalité, c'est bien (ex. : TCP/IP), mais elle doit être interrompue où commence la subjectivité, à mon avis.

Ma deuxième raison est que je trouve qu'Ubuntu prend une tournure orientée "cloud" (Ubuntu One, orientation générale d'Ubuntu dés aujourd'hui et dans les prochaines éditions) que je n'approuve pas. Je sens que certains vont me dire que les moyens de chiffrement ne sont pas faits pour les chiens, à l'instar d'EncFS. À cela, j'ai deux réponses. Ma première réponse : certes, ces moyens existent mais ne sont pas mis en avant lors de l'utilisation d'Ubuntu One. Donc les débutants ne les mettront pas en œuvre et je ne peux pas cautionner cela. Ma deuxième réponse : les moyens de chiffrement n'empêchent pas les contraintes juridiques voire le flou juridique qui règne sur vos données. À la question "à quelle législation sont-elles soumises ?", la réponse est rarement "la législation française". Et c'est là le véritable danger. Quels recours avez-vous en cas de désaccord avec l'hébergeur ? Avez-vous signé un contrat qui oblige l'hébergeur à quoi que ce soit ? Non.

Ma troisième raison est déjà expliquée par le Hollandais Volant dans ce billet : Rendre le terminal plus accessible…. Je n'ai rien à ajouter.

Ma quatrième raison a été exposée par Denis Bonor dans l'édito de GNU/Linux Magazine/France numéro 138 de mai 2011. Voir la version en ligne. J'ajouterai juste qu'une note est subjective et contribue à un nivellement par le bas et à un manque de diversité, à terme. Illustration : je suis un utilisateur lambda qui cherche un navigateur web. Ho tiens, Firefox est le mieux noté. Il est forcement bien ! Je le prends sans savoir si il me correspond. Je cherche un client mail, je prends Thunderbird parce qu'il est le mieux noté, etc., etc. . On tue la diversité du Libre tout en se faisant imposer nos choix par les autres de manière inconsciente : c'est de l'abus de conseils : on ne vit et on ne choisit que par le conseil des autres et c'est dangereux.

Ma dernière raison (enfin !) est que je trouve le cycle de développement d'Ubuntu assez naze. Se forcer à sortir une version tous les 6 mois ne me paraît pas être une bonne solution. Mais bon, il faut dire que c'est la mode, en ce moment, aussi bien pour les navigateurs que pour des noyaux de réduire le cycle de développement et de jouer à celui qui a le numéro de version le plus élevé. Bah oui, Chrome 13 est forcement supérieur à Firefox 6 ! Le noyau NT 6.1 est supérieur à Linux 3 ! Certes, le cycle de développement d'Ubuntu n'est pas nouveau mais il me dérange à présent. Je pense que deux modèles sont intéressants : le modèle "when it's ready" (cher à Debian, entre autres) ou le modèle rolling release. Je pense qu'il ne peut pas y avoir un modèle intermédiaire viable. Soit on utilise un système en rolling release et on sait à quoi s'attendre, soit on utilise un modèle "when it's ready" et on s'attend à de la stabilité. Mais on ne peut pas ne pas savoir à quoi on doit s'attendre. Or, les bugs à la sortie d'Ubuntu (corrigés rapidement certes), sont de plus en plus nombreux à chaque version. Pour rappel, même si ça date : Ubuntu 8.04... pas pour moi..

Mon seul regret sera de perdre la communauté bien active autour d'Ubuntu et la documentation produite.

C'est pour toutes ces raisons que je me retourne aujourd'hui vers une distribution GNU/Linux Debian qui fut une de mes premières amours GNU/Linux. Ce projet possède une vraie philosophie, un contrat social bref un vrai amour du libre que certains jugent extrême (à titre d'exemple, voir Renommage des applications de Mozilla par Debian) mais qui me convient aujourd'hui. Et en bonus, je garde la communauté active autour d'Ubuntu (l'aide, les billets, les tutoriels écrits pour Ubuntu peuvent facilement être transposés sur Debian).

Note : je n'ai pas utilisé qu'Ubuntu durant toutes ces années mais beaucoup d’autres distributions (parfois en mêmes temps pour certaines) : Knoppix (mon point d'entrée), Debian, Backtrack, Fedora, Ubuntu, Mandriva pour ne citer qu'elles. Mais au fils du temps, aucune à part Debian et Ubuntu n'a réussi à s'imposer au quotidien.

Et demain ? Certaines personnes (oui, coucou 😛 ) parient d'ores et déjà que je vais rapidement laisser tomber Debian pour Arch Linux. D'autres parient pour Linux Mint. Et moi ? Ben, je parie que mon prochain OS sera un BSD. Affaire à suivre :).

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